Sushis et sashimis
Ambiance dès le taxi : chauffeur asiatique, musique de même, ambiance à la fois zen et empressée.
A l'entrée de l'hôtel, une branche de magnolia au dessus de la porte voisine, en décor.
Je n'ai pensé qu'après à ces détails, mille petits signes : la soirée serait japonaise !
Ce n'était pas prémédité. Quelques envies, bien sûr. Mais Elodie ne savait pas à quoi s'attendre...
Non non, on ne se déshabille pas. Il ne se déshabille pas. Il est très élégant...
Il la contemple, regarde sa tenue, la complimente. Elle rosit de plaisir. C'est bien, c'est bon d'être là...
Puis il explique : il va sortir, un moment, et reviendra.
Elle, doit se dévêtir, complètement. Se mettre nue, et l'attendre.
Est-elle d'accord ?
Si elle est d'accord ? Plutôt deux fois qu'une !
Trois fois (au moins), elle dit : "oui, oui, oui !"
Alors, il sort.
Elle se déshabille, elle enlève tout. Elle a le temps, elle le sait. Mais elle est vite nue.
Alors, elle attend.
Elle a apporté une corde. Elle la déroule, s'amuse à en sentir le contact sur sa peau nue, sur son corps...
Elle la laisse souple, la fait onduler, s'en caresse...
Mais elle ne la tend pas.
C'est à lui de faire. Elle, se laissera faire...
Elle l'attend.
Elle
frémit un peu. Pas de froid. D'excitation de ce qui va arriver. De tous
ces désirs mêlés, de ce plaisir déjà de les savoir imminents, si
proches de se réaliser... (Il y a quelques heures, avant d'arriver, elle
se demandait comment supporter ce temps encore à attendre ! Mais là,
elle y est.)
De cette sensation d'être nue, seule dans cette chambre. De cette sensation qui lui vient, étrange : de n'être plus qu'un corps.
D'en
avoir le droit. De ne plus avoir à penser, à décider de rien. De
pouvoir juste ressentir, pleinement. De se laisser aller...
Son corps se détend. Elle se détend. Elle est nue, mais ne frissonne
plus. Elle est là, pleinement, habite cette chambre, ce corps,
intensément. Elle se regarde dans le miroir. elle bouge un peu, pour le
plaisir de sentir ses jambes, ses bras, son dos, sa taille, ses
fesses... Puis elle s'assied, ne bouge plus. Ondule juste un peu. Sent
ses reins se cambrer légèrement. Son corps vibrer de l'intérieur, de
désir. Vivant. Prêt à vivre.
Elle entend la porte, il tapote, elle ouvre, amusée, joyeuse de le voir, elle rit.
Ils
sont debout. Elle est nue, il est tout habillé. Il n'enlève que son
manteau. Il est sérieux, calme. Il la regarde avec un tel sérieux... que
ce n'est pas un amusement. C'est un jeu, mais c'est sérieux. Elle adore
cette gravité, cette intensité qui vient. Elle est calme, et très
excitée aussi. Il l'apaise et l'excite : de rien, de tout, d'être là, et
de savoir ce qu'il va faire. Elle, peut l'imaginer mais n'a pas à y
penser : juste à le vivre avec son corps, à ressentir. Alors, elle se
laisse faire. Il frotte ses mains pour les réchauffer. Il la caresse,
caresse son corps, partout. Dès lors, elle est profondément calme,
détendue, offerte. Ouverte au plaisir de l'instant.
Il prend la longue corde, la déroule de tout son long. Il la plie en
deux. Il la passe derrière son cou, puis la ramène devant, un peu plus bas, et entreprend
de tisser la corde : il la dédouble, la croise, au dessus des seins,
l'emmène derrière, devant, la croise encore, sous les seins, puis il
descend, l'enroule, méthodiquement, aisément, croise, entoure, lie les
bras... Elle le sent à l'aise, maître de tout ça... Elle est bien.
Au début elle a pensé, elle a dit : "On ne m'a jamais vêtue, parée comme ça !"
Puis
elle n'a plus rien dit. Elle le regarde faire. Elle laisse venir les
sensations de ce qui l'entoure : le mouvement de la corde autour d'elle,
les gestes doux et sûrs qu'il fait auprès de son corps, le bruit soyeux
de la corde... Et les sensations intérieures : la sensation de soie de la corde sur sa peau...
Une caresse, ça glisse et ça part (même si certaines laissent leur
empreinte, douce ou forte)... Là, c'est une caresse qui dure : la corde
caresse son corps, puis est mise en place, et reste... La corde la tient
dans ses mains, de ses grands doigts... Elle souligne la forme de ses
seins, puis elle descend, entoure sa chatte dans son écrin...
Tout son corps est enveloppé, enserré de plus en plus, ligoté sans trop
de force, mais avec assez de fermeté pour se sentir contenu, maintenu,
retenu... Et plus son corps est maintenu, lié, ligoté, plus elle est
bien, plus elle sent son corps être. Se réveiller, vivre. Etre libre !
Maintenu donc libre de se laisser aller, contenu donc libre de se dépasser,
retenu donc libre de s'épancher, s'exprimer, s'épanouir !
Elle gémit sous ces sensations qui l'inondent doucement...
D'ailleurs elle s'inonde de son désir !
Il le sait, il le sent...
Il l'entraîne alors, là où elle veut...
Comment sait-il tout ça ?
Ses doigts partout, il la caresse encore et encore, profondément...
Il lui met un bandeau sur les yeux. Il la fait tourner sur elle-même, un
tour, ou plusieurs, elle ne sait pas, ne sait plus, ne sait plus où
elle est... Il lui dit d'aller vers le lit. Elle ne sait plus où est le
lit...
Alors il la guide, le corps toujours lié, l'invite à se mettre sur le lit...
Il la prend...
Comme elle attendait ça !
Il la libère, dénoue peu à peu les liens...
Oh la sensation alors, le plaisir qui la submerge !
C'est une vague qui déferle... non, plusieurs... Elle ne sait plus bien... Elle est comme ivre !
Plus tard, dans la soirée, en dégustant sushis et sashimis, elle repensera au shibaru, et à ce tsunami de plaisir...